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Confessions d'un tueur à gages

4 octobre 2011

Retrouvailles

Note de l'auteur : Oui, je sais. Je poste la suite un peu tard... Mais sinon, depuis le temps, je fais ça aussi :  http://synchrom.over-blog.com/

 

 

 

Moscou, 11 juillet. Nuit froide.

Au loin j'entends encore Callaway et Curval se disputer à propos de notre mission de « sauvetage ». Qu'importe, le flingue sur pointé sur ma tête me pousse au silence. La respiration rauque de l'homme s'accentue, semblable à un mélange de stress mais d'excitation. Celui-ci se laisse tomber dans l'herbe, l'arme toujours pointé sur ma tête.

- T'imagines pas à quel point j'en ai rêvé pendant des années de ce moment Khasar. Le jour où on se retrouverait enfin face à face pour qu'on puisse régler définitivement nos comptes.
- Et maintenant, tu vas faire quoi ? Ca y est, tu m'as coincé. Tue moi. Mais est-ce que ça te suffira.

Il se prend la tête entre les mains et soupire. Il hésite un instant puis reprends son discours accentuant ses propos en agitant son revolver.

- Écoute Khasar, t'étais un frère pour moi. C'est pas facile de tuer un frère tu sais ? Et Malabar est revenue pour nous offrir à tous une dernière danse. Soudainement. Entre ceux qui s'étaient planqués, ceux qui s'étaient fait oubliés et ceux qui avaient disparu : qui aurait prédit qu'on serait un jour réunis ? Nous ? Les cinq doigts de la main ! Bon, je suis un peu plus abîmé à présent. Forcément. Et je parle pas uniquement de mon œil mon grand.
- Simon, je sais pas quoi dire.
- Ferme là et écoute te dis-je !

Simon vient de se lever et de tirer en l'air. Énervé à présent il tourne dans tous les sens. Le coup de feu vient d'alerter Callaway et Curval qui rapplique aussitôt armes en main. Simon se fend d'un rictus et continue de me viser.

- Salut les gars. Je suis en train d'avoir ma petite discussion avec Khas'. Vous savez pourquoi vous me tuerez pas ? A part peut-être Callaway qui a finit par se cramer le cerveau à trop respirer des vapeurs d'essence, vous n'en avez aucun intérêt. Comme je le disais, on a tous reçu l'invitation de Malabar. Voilà l'amicale des anciens copains au quasi complet. M'en manque plus que la fille de la bande et on se fera la grande bouffe en souvenir de la nuit du Maria. Vous savez très bien ce qui nous attends... Le moment de payer l'addition est arrivé. On va régler nos comptes une bonne fois pour toutes.

Simon a le regard de plus en plus fiévreux. La tension qui s'accumule dans le corps du garçon se fait sentir car sa vox devient plus hachés et ses gestes légèrement hésitant. La peur commence à s'instiller doucement ses muscles. Il prend une grande respiration.

- Baissez vos armes enfin ! On sera pas de trop face à Malabar.

Curval abaisse la sienne lentement et me jette un regard interrogatif. Je lui fais signe de laisser Simon continuer. Callaway plus sceptique s'approche du garçon l'arme toujours levé.

- Le cerveau cramé Simon hein ? Pourquoi je t'écouterais alors ? 
- Parce que t'es venu toi aussi. T'as envie de savoir, de jouer le dernier acte de la pièce.
- Le cerveau cramé hein ? Connard va !

Callaway s'élance sur Simon et lui décroche un coup de crosse dans le menton. Simon bascule en arrière, amorce une roulade et attrape la jambe droite de son adversaire pour l'entraîner. Les deux hommes roulent sur le sol. Callaway parvient à bloquer le plus jeune sur le dos et lui envoie un crochet du droit en pleine tête.

- C'est qui le malade Simon ?!

Et Callaway continue de frapper de plus en plus violemment ! 

- Ne joue pas avec nous bonhomme. T'es pas de taille.

Simon éclate de rire et crache son sang sur le visage de Callaway. D'un signe de la tête il montre à son agresseur qu'il a toujours son revolver en main et qu'il est porté sur sur l'entrejambe de l'assaillant.

- Très bien. T'as la main petite pute. Et t'as pas totalement tort. On sera pas de trop.

Les armes se baissent alors. Les regards s'échangent. Personne ne se fait véritablement confiance mais après tout, nous savons que nous n'avons pas le choix. Simon se relève doucement et masse ses tempes endoloris, Curval s’adosse contre un arbre et regarde les étoiles. Le silence est retombé subitement.

- Messieurs.

Un homme vient d'apparaître devant nous. Les armes se relèvent aussitôt vers le nouveau venu. Loin de l'effrayer, il tousse pour s'éclaircir la voix.

- Une jeune femme m'a demandé de vous transmettre ces quatre paquets.

Il dépose alors les dits paquets sur le sol et nous regarde un par un.

- Je vous souhaite une agréable fin de soirée.

Puis il disparaît à nouveau dans l'obscurité moscovite. 




Malabar... Que prépares-tu ?

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18 août 2008

Confessions d'un tueur à gages : Réunion de copains

Curval s'agite dans les draps de son lit. Le regard terrifié en nous observant, il hurle en criant que nous sommes morts. Callaway réprime un rire et s'avance vers le lit. Je le bloque avec ma main et me penche vers Curval.

  • Curval, écoute nous. On est vivant, on est là. Et on vient te sortir de là. Reste calme.

  • Aidez moi ! Au secours ! C'est impossible.

Rien à faire, Curval continue de crier à s'étrangler. Son voisin s'est réveillé avec tout le vacarme et nous contemple interloqué par cette brusque manifestation d'extraordinaire dans son quotidien.

  • Qui êtes vous ?

Callaway me regarde, ne sachant quoi faire. Je ne lui réponds pas, je suis trop occupé à plaquer ma main sur la bouche de Curval.

  • Qui êtes vous ?

  • Nous sommes des anges. Nous venons chercher ton ami pour l'emmener avec nous. Nous nous rendons vers un monde meilleur.

Je lève les yeux au ciel en voyant Callaway partir dans un délire mystique. Pendant ce temps, Curval commence à se calmer. Il ne se débat plus mais reste inquiet. Je ne sais pas si j'ai le droit de l'embarquer dans notre aventure. Après tout, il était peut-être à l'abri ici. Qui sait ?

Je me tourne vers Callaway qui continue de baratiner l'autre fou. Celui-ci semble émerveillé par ce que décrit ce prophète d'occasion.

  • Je peux venir avec vous, demande l'homme ? Moi aussi je veux me rendre dans ce monde meilleur !

  • Tes désirs sont des ordres pauvre mortel, répond Callaway.

Il sort de sa poche son silencieux. Je crois voir le métal scintiller un instant dans la pénombre, puis j'entends un bruit sourd. Il est déjà trop tard.

Je m'assois la tête entre les mains sur le lit de Curval. Dans quoi suis-je en train de m'embarquer ? Qu'est ce qui va se passer à présent. Je suis entre Callaway qui semble être devenu un tueur fou et Curval qui est interné dans un asile russe. Et dans une dizaine de jours, ce sera la date de réunion à la grande invitation de Malabar.

Callaway s'approche de moi et pose une main sur mon épaule.

  • Faut y aller Khas.

  • La ferme ! Je réfléchis. On a un deuxième cadavre derrière nous à présent. Tu pouvais pas te contenter de l'assommer. Il a fallu que tu lui tire une balle dans la tête !

  • Non, pas la tête. Dans le cou !

  • J'ai pas envie de discuter avec toi.

  • On peut pas rester là Khas. Tu le sais très bien ! Alors tu vas te bouger si tu veux vivre !

  • Bien sur que je veux vivre ! Mais je ne veux pas tuer sur mon passage dès que je vois un pauvre type ! C'était un fou ! Il n'y avait aucun danger et tu le savais très bien. J'ai pas envie de me balader en compagnie d'un tueur compulsif.

  • Fais attention à ce que tu dis !

  • T'es un malade Callaway ! Je t'ai jamais aimé. Et je sais que c'est réciproque. Faire alliance avec toi, c'est peut-être finalement le meilleur moyen de mourir.

Curval se redresse.

  • J'ai peut-être mon mot à dire moi ?!

Je regarde Curval, ses yeux sont froids à présent. Il reprends peu à peu l'attitude de l'homme que j'ai connu. Toujours à l'affût, des réflexes incroyables et une détermination à toute épreuve.

  • Maintenant que vous avez tuer Albert, je peux plus rester ici.

  • Il a pas tort Khas.

  • Je veux pas t'entendre Callaway.

  • C'est toujours l'amour fou entre vous deux les gars. Bon, j'imagine que vous venez pas me rendre visite par courtoisie et en souvenir du bon vieux temps.

  • Dans un sens si.

Je me lève et jette un oeil dans le couloir, la voie est libre. Je fais signe aux deux de me rejoindre. J'ai pas envie de traîner dans cette chambre.

Dehors, l'air nous fouette le visage. Nous voilà de nouveau en train de subir les intempéries climatiques de ce pays de malheur. Je garde mes mains dans les poches à la recherche d'un peu de chaleur. La tête baissé, je grommelle en tapant dans les cailloux qui se trouve devant moi. Curval se racle la gorge.

  • Que me voulez vous ? Je n'ai rien gardé du Maria. Vous le savez très bien.

  • Malabar commence le nettoyage...

  • Et alors ? On finit toujours par mourir. J'ai jamais cru que je finirais vieux. Celui qui combat par l'épée périra par l'épée !

  • T'étais en train de moisir dans un asile, objecte Callaway.

  • Me fais pas le coup du chrétien charitable. Tu agis uniquement par intérêt. Il y a dix ans, t'as pas eu trop de problème de conscience à me laisser sur le Maria. Pourtant, tu devrais savoir à quel point c'est difficile de sortir d'un bateau qui brûle quand t'as une balle dans chaque jambe. Je peux pas prouver que c'était toi qui a tiré... Mais il y a une chose dont je suis certain, c'est de t'avoir vu passer devant moi.

  • J'ai cru que t'étais mort.

  • Un mort qui a hurlé ton nom pendant plusieurs minutes ? J'ai cru que tu viendrais m'aider. J'étais naïf à l'époque, je croyais que nous étions tous amis.  C'est en passant mon temps à l'asile, en me remémorant cette nuit que je me suis rendu compte que nous avions tous des intérêts contraires. Que chacun agissait uniquement dans son intérêt.

  • C'est le passé. Et puis ce qui compte, c'est qu'on soit venu te sortir de là.

  • Je t'ai rien demandé Callaway. J'étais bien ici ! J'avais une chambre, de la nourriture, une assistance en permanence, et je pensais me faire oublier. De temps en temps, je simulais la folie pour occuper les docteurs. Je pensais qu'avec le temps, je pourrais oublier cette putain de nuit ! Et voilà que vous débarquer les bras en croix pour me sauver. J'en avais pas envie, j'ai rien demandé. Tout ce que je voulais, c'était oublier !

  • Si tu viens pas avec nous, je te tue !

  • C'est incroyable Callaway, tu me laisses le choix entre mourir ici ou me faire tuer par Malabar. C'est généreux.

  • Te moques pas de moi.

  • Tu sais ce que c'est ton problème. C'est que t'es frustré de te faire avoir par une nana. Tu t'en prends plein l'ego d'un seul coup.

  • Arrête !

Je suis assis et contemple Callaway et Curval qui se dispute. Je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas quoi faire. Nous aurions du le laisser à l'asile, c'était son choix. Moi aussi je voudrais tant oublier cette nuit. Oublier le bruit des balles déchirant la nuit, oublier les cris, oublier l'odeur du bois et de la drogue brûlés. Oublier tout.

  • Khasar ?

  • Oui.

  • Je viens avec vous. Mais uniquement pour voir Malabar une dernière fois avant de mourir.

  • Moi aussi, j'ai envie de la revoir.

  • Personne ne mourra. C'est Malabar qui va se retrouver à la morgue, murmure Callaway.

J'écoute le vent qui siffle, je voudrais être ailleurs. Je ne comprends toujours pas où veut en venir Malabar. Mais j'ai la nette impression que nous ne somme rien d'autre que de vulgaires pions qu'on peut sacrifier à tout moment.

Je regarde ma montre, nous sommes le 11 juillet à présent. Il ne me reste peut-être plus que neuf jours à vivre. Qu'est ce qu'on fait en neuf jours ? On profite, on attends, on s'indigne, on marchande, on se résigne, on règle ses comptes. Neuf jours !

Que prépare Malabar pour le 20 juillet ?

Je m'allonge dans l'herbe du parc. J'entends faiblement la dispute des deux qui recommence. Je ferme les yeux, oublie l'herbe humide et m'endort presque.

Et soudain, j'entends le bruit léger d'une personne qui marche doucement dans l'herbe. J'ouvre les yeux et découvre le canon noir d'un flingue pointé sur ma tête. Une respiration rauque au dessus.


  • Continuez Khasar.

  • Vous êtes impatient Docteur ?!

  • Curieux.

  • Pourtant, c'est déjà l'heure.

  • Je ne suis pas à 5 mn.

  • Moi si, je suis un homme ponctuel Docteur.

  • Khasar ? Vous ne pouvez pas me laisser comme ça ? Dites moi au moins qui est la personne qui vous menace !

 

17 août 2008

Malabar

Malabar
Malabar en pleine action !

Cliquez pour voir en taille réelle !

Dessin de Gaetan le Hobbit. Passez voir son œuvre sur http://gaetanlehobbit.canalblog.com/

Un grand merci encore !

13 août 2008

Confession d'un tueur à gages : Asile

Moscou, 10 juillet...

 

 

Je n'aimais pas ce pays, je n'aimais pas ce temps pas ce temps froid et humide qui ronge les os, je n'aimais pas les russes. Il faut dire que je n'aimais pas grand chose. Tout en buvant un café à la gnôle pour me réchauffer les entrailles, je gardais un oeil sur Callaway. La confiance est difficile dans le métier, et je ne m'imaginais pas revoir ce type vivant un jour. On avait chacun plusieurs raisons de s'entretuer.

 

 

Alors oui, la soirée s'annonçait difficile !

 

 

L'autre oeil s'égarait sur l'asile où était enfermé Curval. Un bâtiment commun, sans véritable autre distinction qu'une plaque dorée sur la grande porte. L'architecture était vulgaire, sans doute un vestige des années communistes de Staline.

 

 

Une seule question m'occupait l'esprit : pourquoi Malabar se donnait-elle la peine de faire une réunion de famille ? Pourquoi ce rendez-vous le 20 juillet à Moscou ?

 

  • T'en dit quoi Khas ?

 

Je tourne mon attention vers Callaway. Je suis toujours surpris de constater une barbe sur le visage de mon ancien acolyte.

 

  • Je ne sais pas. Ça me paraît superflu.

  • Contre Malabar, rien ne sera superflu !

  • Est-ce une véritable menace ?

  • Tu cherches à te mentir. Tu sais très bien qu'elle est dangereuse.

  • Et au fond de moi, je peux m'empêcher de me souvenir d'une charmante gamine.

  • Fais gaffe au griffes Khas.

 

Je vide mon café cul sec. Ça me réchauffe l'intérieur du ventre pendant quelques seconde, puis j'ai de nouveau froid. Foutu pays !

 

  • N'y allons pas Callaway.

  • Pourquoi ? C'est peut-être une chance unique !

  • Imagine qu'on trouve Curval !

  • C'est le but.

  • Oui mais imagine qu'il soit réellement devenu fou. Tu voudrais voir ça ? Tu voudrais assister à sa déchéance sans pourvoir rien faire. Tu t'en sens capable ?!

  • Mais imagine qu'il ne le soit pas. Imagine qu'il croupisse ici ?

 

Je regarde Callaway. J'ai peur de voir l'homme qu'a pu devenir Curval, j'ai peur de me rendre compte que le plus jeune d'entre nous s'est brisé et qu'il ne reste plus rien de lui. Et si Curval n'était qu'un pion sur l'échiquier de Malabar, un piège tendu ? Mais qui est le roi de la partie ?

 

  • On y va.

  • Je savais que je pouvais compter sur toi.

  • Je le fais pas pour toi. Je le fais pour sauver ma peau !

  • T'as changé Khas.

  • Oui, mais je suis toujours vivant.

 

Callaway ne répond pas. Il sait que ce serait peine perdu pour lui. On s'approche du bâtiment. Callaway sort de sa poche une cigarette et se met à fumer nerveusement. D'un geste de la main, il m'indique l'unique gardien de nuit. Il aspire la fumée puis se met à faire des ronds. Je lève les yeux au ciel en signe d'indignation. C'est pas le moment de s'amuser. Callaway se tourne vers moi, un étrange sourire plaqué sur les lèvres.

 

  • On lui fait le coup du malade.

  • Non, on ne lui fait pas le coup du malade Callaway. Je préfère être plus silencieux.

  • Calme toi, c'est qu'un petit asile.

  • On ne fait pas comme ça !

  • Arg ! Kof ! Hum hum. Je me sens pas bien. Pfff.

 

Enfoiré de Callaway. Le voilà en train de rouler par terre en se tordant dans tous les sens. Et il commence à hurler, se tenant le ventre et appelant tout les saints possible. Je me planque dans l'ombre. Le stratagème fait très vite son effet, le gardien intrigué s'avance vers Callaway.

 

  • Ça va camarade ? Besoin d'aide ?

  • Je souffre connard de russe ! J'ai mal !

  • Où ça ?

 

Le gardien se penche pour mieux voir Callaway qui continue de rouler par terre. Derrière l'homme, je m'apprête à l'assommer avec la crosse de mon flingue. Je n'en ai pas le temps. Les jambes de Callaway parte vers le haut et se pose sur le coup du gardien.

 

  • Qu'est ce que vous faîtes ?

  • Tu vas la fermer oui ?!

  • Fais pas ça Callaway !

 

Trop tard, Callaway tourne violemment les jambes. Faisant craquer le coup du gardien. Il tombe inerte sur le sol. Les yeux perdus dans le vague, mort. Je regarde Callaway exaspéré.

 

  • C'était inutile. J'allais l'assommer !

  • Jamais pu saquer un russe. Tous des cocos.

  • C'est un meurtre !

  • T'as des états d'âme toi maintenant ?

  • Je tue pour de l'argent ou pour sauver ma peau. Et là, on avait pas besoin de ça. Si en plus d'avoir Malabar sur le dos, on a la police. Et puis va falloir planquer le corps.

 

Je souffle pour tenter de retrouver mon calme. Il faut rester calme, céder à la panique serait la pire erreur. Je traîne le corps au bout d'une impasse sombre. Et essaye de le soulever. Il pèse bien son poids.

 

  • Aide moi Callaway.

 

Callaway me rejoint et attrape les pieds du mort. On le soulève pour l'envoyer dans une petite poubelle appartenant à un particulier.

 

  • Khas ?

  • Je sais, je vois bien.

  • Ça dépasse.

  • Oh merde ! Pourquoi tu l'as tué ! T'es vraiment trop con !

  • J'ai une idée. Mais elle va pas te plaire.

  • Tu peux pas faire ça.

  • Pourquoi pas ?

  • C'est un être humain Callaway ! Il a sa dignité !

  • C'est plus qu'un morceau de viande froide. Alors je vais le faire.

 

Je me retourne, je ne veux pas voir ça. J'ai beau être tueur à gages, il y a des choses que je ne supporte pas. J'entends le rire de Callaway, je ferme les yeux, redoutant l'instant qui va suivre. Puis j'entends les os craquer. Je me sens pas bien. J'ai envie de vomir mes entrailles. Callaway éclate de rire encore. Puis il se tourne vers moi.

 

  • Voilà Monsieur. Ça dépasse plus.

  • T'es monstrueux.

  • Peut-être, mais je suis vivant.

 

Il fait craquer ses doigts tout en souriant. La voie est libre maintenant. On s'approche de la porte d'entrée, et je fais signe à Callaway de sortir les clés.

 

  • Tu veux quoi ?

  • Passe les clés!

  • Merde !

  • Me dis pas que tu les a laissé dans la poche Callaway !

  • C'est bon, je vais les chercher.

 

Callaway retourne vers la poubelle à la recherche des clés du gardien. Il revient et ouvre la porte. Celle ci grince un instant puis demeure silencieuse. Nous débouchons directement sur un grand couloir aux murs blancs. Ça empeste le médicament. Il y a une faible lumière qui éclaire le couloir. J'avance à la recherche de la chambre 404. Chambre dans laquelle doit se trouver Curval normalement.

 

 

Je trouve enfin la chambre, ouvre avec le passe du gardien et entre. Il y a deux lits, deux hommes. Curval est sur la droite. Je reconnais sa tignasse blonde et son minois de jeune premier. Je me penche vers lui et le secoue doucement. Il ouvre un oeil puis deux et me regarde fixement. L'air interdit. IL ouvre la bouche puis la referme. Il commence à respirer difficilement. Puis soudain son cri transperce la nuit.

 

 

- Non ! Vous êtes morts, vous êtes tous morts. Vous n'existez pas ! Laissez moi !

4 août 2008

Confessions d'un tueur à gages : Moscou

Il y avait un vent froid et humide. La neige crissait sous les pieds de passants emmitouflés. Parfois un rire troublait le sommeil de la ville endormie. Et un clochard se mettait à déambuler, bouteille à la main avant de s'effondrer, puis se relever et recommencer sa danse.

Khasar souffla sur ses mains gelées pour les réchauffer un instant. Sa cane claquait à intervalle régulier sur un macadam enfoui. Parfois il reniflait, puis regardait autour de lui ce monde blanc. Le regard alors perdu dans le vide, cherchant l'inaccessible au loin.

Moscou. Enfin ! C'était ici qu'Edouard était mort, c'était ici que Khasar était né. Tout se joue à Moscou et les pions se mettent en place. La partie va se jouer maintenant. Tout se prépare dans une demi-obscurité avant le grand lever de rideau.

  • Khasar ? Il y a bien longtemps... On dit que tu voyages beaucoup en ce moment.

Je me retourne. Ces derniers temps, j'ai l'impression de retrouver tous les protagonistes de ma vie. Même ceux que je croyais mort. Comme une réunion d'anciens, tout le monde semble resurgir des ténèbres de mon esprit. Comme une dernière apparition avant un grand final. Que prépare Malabar ? Que va t'il arriver à présent ?

  • Callaway, te voilà aussi à Moscou.

  • Tu ne t'en doutais pas ?

  • Je ne sais plus rien. Je ne sais même plus sûr de savoir qui je suis.

  • Même le grand Khasar traverse des crises existentielle.

Callaway éclate de rire. Il n'a pas vraiment changé. Il a perdu un peu de poids, son crâne est à présent nu mais le regard est toujours aussi perçant. Son menton fuyant est caché par une barbe impeccable. Pourtant, il ne semble plus aussi confiant qu'avant.

Il sort de sa poche un post-it rose où je reconnais l'écriture fine et penché de Malabar. Il esquisse un sourire rapide en voyant ma surprise. Puis son visage se ferme de nouveau. L'heure n'est plus à l'amusement. Je commence à découvrir dans ces fils tendus devant moi, une toile où s'imbrique les éléments.

  • Je vois. Dis moi Callaway, toi aussi elle t'a doublé sur un contrat et offert une mise en scène macabre ?

Callaway hoche la tête nerveusement.

  • Et tu ne sais pas tout Khasar. Elle commence un grand ménage. Tu ne dois pas en avoir entendu parler, mais les fantômes sortent des placards. Je ne dors plus, je ne sais pas ce qui m'attends. Je tremble à chaque tournant de rue. J'ai peur. Merde ! J'ai peur ! On va mourir Khas'.

  • Calme toi ! Que sais-tu de plus que moi.

  • Tu ne comprends pas ? Elle a déjà commencé. Elle nous efface. Alvin est mort, Damon dans le coma et semble ne plus en avoir pour longtemps, Curval est à l'asile. Elle est en train de nous éliminer un par un. Et la liste diminue de plus en plus. Nous ne sommes plus que trois dessus.

  • Simon est vivant, c'est lui le troisième.

  • Oui, je sais. J'ai entendu parler de ta fuite. On dit que Simon est sur les dents. Mais il ne fera pas de poids contre Malabar.

  • Pourquoi Callaway ? Que s'est-il passé sur le Maria il y a dix ans ?

  • Je ne sais pas. Mais Malabar élimine l'ancienne équipe. Je te le dis, nous ne sommes plus que trois : Simon, toi et moi. Tous les autres qui avaient participé au coup sont morts ou en piteux état comme je viens de te le dire.

Je me racle la gorge. Ainsi Malabar semble avoir décidé de faire disparaître notre équipe. Que cherche t'elle là-dedans. Pourquoi remue t'elle le passé. Callaway se remet à parler.

  • Il n'y a qu'une solution. Il va falloir qu'on s'associe de nouveau si l'on veut survivre.

  • Ce sera sans moi. J'ai déjà donné.

  • Si tu pars, tu nous condamne tous à mort. Je t'en prie, Simon comprendra. Ne nous laisse pas tomber une fois de plus. Peut-être même qu'on pourra arracher Curval de l'asile.

  • Sans moi. J'ai tout perdu, je n'ai plus rien. Tout ce que je souhaite, c'est être en paix à présent. Me retirer loin et oublier.

  • Tu sais très bien que ce n'est plus possible. Tu ne pourras pas retourner en arrière. T'as vendu ton âme.

  • J'ai peur Callaway...

  • Moi aussi Khas', moi aussi...

Je baisse les yeux, je me sens mal. Est ce la fin à présent ? Me reste t-il du temps ? Je relève la tête et regarde Callaway. Dans ses yeux brille l'étincelle d'une rage. Je sais que dans mes yeux brille la même. La rage de vivre. Je lui tend ma main et serre la sienne lentement.

  • Comme au bon vieux temps ?

  • Comme au bon vieux temps...

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18 juillet 2008

Confessions d'un tueur à gages : Lorsque le coeur balance...

Lorsque l'on court avec une balle dans la jambe, on est tout de suite moins rapide. La douleur lancinante semble cisailler le muscle et ne laisser aucun répit à la victime. Elle revient sans cesse, rapellant la morsure froide. Mais avec le temps, la douleur s'estompe. On commence à l'oublier et on rit avec les amis.

Seulement je venais tout juste de me prendre cette balle et je n'avais aucun ami. Derrière moi, Simon devait fulminer de rage à l'idée de mon échappée. Au terme d'une partie de poker où la triche ne faisait aucun doute, je m'étais enfui en emportant l'argent subitement. C'était ça ou mourir le crâne percé. Je n'avais pas l'intention de reparier ma vie avant un moment.

Avec l'argent, il ne me restait plus qu'une chose à faire. M'envoler pour Moscou et retrouver Malabar. La belle était sans doute déjà à manoeuvrer dans la capitale pour s'adonner à son passe-temps préféré : faire sauter tout ce qui bouge.

Mais il me fallait d'abord trouver de quoi soigner ma jambe. Extraire la balle pour pouvoir partir en Russie. Je ne connaissais qu'une seule personne susceptible de me panser sans poser de questions.

C'est ainsi que je me rendais chez le Docteur Denison. La maison était une vieille bourgeoise du XIXème siècle, Denison avait toujours eu des goûts de luxe. Comme à mon habitude, je frappais trois coups secs, avant de faire une légère pause puis de taper deux fois alors.

La porte s'ouvrit quelques instant plus tard.

  • Monsieur désire, demanda un majordome hautain ?

  • Amène moi à Denison.

  • Monsieur est occupé. De plus, il ne reçoit pas n'importe qui.

Je pousse un long soupir et colle le revolver sous le nez du majordome. Celui-ci devient blanc et commence à bégayer.

  • Ne m'oblige pas à sonner de nouveau. Sinon, ça risque de faire du bruit.

  • Tout de suite. Suivez-moi.

  • A la moindre entourloupe, je te fais danser la Polka !

Le majordome me conduit en tremblant dans le grand salon. J'ai de plus en plus mal à la jambe et marche difficilement.

La pièce est sombre. Seule la lumière d'un feu dans la cheminée éclaire par moment la pièce. Un fauteuil imposant trône devant la cheminée, j'imagine que dedans se trouve Denison. Il tourne le dos et fume doucement. Laissant la fumée acre s'envoler et se répandre dans l'atmosphère.

  • Monsieur ne devrait pas fumer. C'est mauvais pour sa santé, bredouille le majordome.

Denisosn ne répond pas. Pourquoi parler à un laquais après tout. Il continue de fumer et faire des ronds, contemplant le feu qui claque.

Je commence à m'impatienter et pose le canon sur la nuque du majordome afin qu'il hâte les choses. Celui-ci se met de nouveau à trembler.

  • Monsieur ? Il y a un homme armé qui désire vous voir.

Denison laisse le silence s'installer de nouveau. Le majordome ne cesse de trembler. Il jette alors sa cigarette dans les flammes et se racle la gorge pour prendre la parole. Le dos toujours tourné, les yeux sans doute perdu dans les flammes.

  • Laisse mon majordome. Tu n'imagines pas à quel point il difficile d'en trouver de bon et honnête de nos jours.

  • Cela faisait longtemps Denison.

  • Pas assez à mon goût.

  • J'ai besoin d'aide.

  • Bien sûr. Sinon tu ne serais pas ici.

  • Tu m'en veux ?

  • J'ai voulu te tuer pendant des années. J'ai rêver de t'avoir à genoux devant moi. Mais le temps passe, et la colère d'un homme disparaît petit à petit. Peut-on haïr un fantôme ?

  • Je ne suis pas encore mort.

  • Je regarde les flammes, et je me dis qu'elles seront encore trop douce pour toi.

  • Je suis encore vivant.

  • Tu brûleras en enfers. Et tu n'en auras même pas conscience. Pour moi le diable à un visage !

Je ne peux m'empêcher de sourire, il reste de la rancune dans la voix du vieil homme. De la rancune et de la tristesse. Et pourtant, il y a de l'amour aussi dans ses mots. C'est presque apaisant de l'écouter. Cela faisait si longtemps.

  • Que viens-tu faire ici. Tu as déjà pris tout ce que j'avais de plus précieux.

  • Je l'aimais...

  • Et moi je l'aime toujours. Tu me l'as pris. Ma fille...

  • Malabar est venue de son plein gré !

  • Charlotte n'aurait pas fait ça !

  • Malabar si ! Ouvre les yeux ! Ce n'est plus la fille que tu connaissais. Elle n'existe plus.

  • Elle est toujours là. Mais tu l'as déformé, abîmé.

J'ai l'impression de sentir un couteau s'enfoncer dans ma tête. Cette accusation me peine plus que tout. J'aimais cette fille plus que tout. Je ne suis pas responsable. Je n'ai jamais voulu ça. C'est Malabar qui a tué Charlotte. Personne ne pouvait sauver Charlotte d'elle même.

  • J'ai besoin d'aide Denison.

  • Pourquoi m'appeler ainsi. J'ai encore un prénom.

  • Je ne veux plus m'attacher aux gens. J'ai juste besoin d'aide. Je ne reste pas.

  • Pourquoi être revenu ? Pourquoi viens-tu raviver le passé.

  • Je n'ai pas voulu ça. Je ne serais jamais revenu si j'avais eu le choix !

  • Que veux-tu ?

  • J'ai la jambe gauche en morceaux. Il faudrait enlever une balle. C'est plutôt douloureux de marcher avec.

Le Docteur Denison réprime un rire et fait tourner son fauteuil. Je suis frappé de voir à quel point son visage a vieilli. Il me regarde avec compassion.

  • Il y a bien longtemps que je ne marche plus. Aide moi à m'installer dans le fauteuil roulant là-bas.

J'installe Denison avec soin, et l'emmène dans son ancienne salle d'opération. Celui-ci m'indique les objets dont il va avoir besoin puis me fait asseoir sur une chaise inconfortable. Il me fait alors allonger ma jambe.

  • Je vais faire ce que je peux. Je vais découper sur les côtés pour pouvoir accéder plus facilement à la balle. Cela risque de faire mal.

  • Et l'anesthésie ?

  • Tu as fait souffrir beaucoup de gens, n'est-il pas tant que tu apprennes toi aussi ce qu'est la souffrance.

Denison ne me laisse pas le temps de réagir et enfonce un scalpel dans ma chair. Je hurle de douleur tandis que le Docteur s'affaire à trouver la balle. Le temps semble s'étirer, les secondes ne défilent plus. J'ai mal, infiniment mal. Et puis le Docteur relève la tête.

  • J'ai la balle.

  • Parfait !

  • Il va falloir recoudre maintenant.

Je serre les dents. L'aiguille me transperce la peau, j'ai mal.

  • C'est bon. Prends la canne là-bas, tu vas en avoir besoin.

  • Merci.

  • Je pourrais te dire de rester assis les prochains jours, d'éviter de marcher et de rester calme. De ne surtout pas courir. Mais je sais que tu ne m'écouteras pas.

  • Au revoir Docteur.

Je me lève et tourne le dos. Je suis resté trop longtemps ici et je ne veux pas m'éterniser davantage. Je vais pouvoir partir pour Moscou à présent.

  • Au revoir Édouard.

Je ne réponds pas. Que pourrais-je répondre. Édouard est mort tout comme Charlotte. Denison m'interpelle une nouvelle fois.

  • Tu vas me manquer. Reviens avec Charlotte.

J'ai une boule énorme qui se forme dans ma gorge. Je voudrais me retourner et serrer le Docteur dans mes bras. Mais si je le fais, je suis perdu. Je ne dois pas me retourner, ni répondre. Je quitte la pièce et j'ai l'impression que mon coeur va exploser.

Je m'arrête devant le majordome à la porte d'entrée. Et lui adresse une recommandation.

  • Prenez soin de lui. C'est un homme droit et juste.

  • Qui êtes vous ?

  • J'ai connu son fils adoptif il y a longtemps. Il s'appelait Édouard.

Je quitte la maison, le majordome prononce une phrase que je ne comprends pas.

Je suis déjà trop loin...

***

  • Vous avez donc une âme ?

  • Croyez-vous ! Je ne suis qu'au début de l'histoire et vous ne savez encore rien de moi...

  • Je pense qu'il y a un homme sous la carapace. N'est ce pas Édouard ?

  • Je m'appelle Khasar, Docteur.

  • Reprenons si vous le voulez bien.

14 juillet 2008

Confessions d'un tueur à gages : Dangereuse partie

Paris, dans un sous sol.

 

 

Je me sens perdu dans la musique, la fumée de cigarette à l'odeur acre masquant la transpiration des jeunes danseurs. Seul en face de trois hommes qui rêvent de m'humilier, et juste derrière moi la présence de Simon un ancien compagnon.

 

 

Les regards sont braqués sur moi. Ils m'observent attentivement, surveillent mes mains tandis qu'un gros mafioso distribue les cartes de poker tout en mâchouillant un cigare. L'air mauvais , il m'envoie mes cartes.

 

 

Le gros pose ensuite une liasse énorme de billets sur la table, il regarde les autres joueurs. Le premier décide de se coucher, le second de suivre. Je regarde l'argent sur la table, j'en ai besoin pour partir à Moscou, besoin pour retrouver Malabar.

 

 

Je prends dans la main mon briquet, il symbolise une partie de mon passé que je croyais enterré et voilà que le sort de nouveau à la lumière du jour. Je n'ai plus fumé depuis ce jour là, je n'ai plus utilisé ce briquet depuis que j'ai brûlé le Maria.

 

 

Je jette le briquet au milieu de la table.

 

 

Je regarde de nouveau mes cartes, je n'ai rien d'autre qu'une paire de trois dépareillé.

 

  • Je pense que personne ne va relancer ? Demande le gros.

 

Ils se contentent de ricaner. Le gros me fait signe de montrer mes cartes. Je baisse ma main et découvre les cartes. Il éclate de rire puis dévoile un brelan de roi. Ma gorge se serre. Le mafioso tends la main et récupère la mise.

 

 

Il commence à jouer avec mon briquet, le fait tourner dans les mains puis allume un nouveau cigare avec celui-ci.

 

  • Sens cette odeur Khasar. Celle de la victoire pour moi, celle de ta défaite !

  • Je continue, il reste mon revolver.

  • Comme tu voudras...

 

Il recommence à distribuer les cartes. Cette fois ci, j'ai une double paire : deux reines et deux cinq. Ils misent tour à tour une somme colossale. Je sens ma gorge se serrer de nouveau à la vue de tout cet argent. Mes mains commencent à trembler de nouveau. C'est fâcheux pour un tueur à gages. Ils ne manquent pas de le regarder et de se moquer de moi.

 

  • C'est votre homme de main qui possède mon revolver.

  • Je vais le chercher.

 

Simon se lève aussitôt et réapparaît quelques instants plus tard l'arme à la main. Il fait mine de me viser et tirer. Puis il pose l'arme au centre de la table.

 

 

Je pousse un soupir. J'abats mes cartes. Le mafioso me suit aussitôt, découvrant un full.

 

  • Encore une fois je gagne.

 

Sa main poisseuse attrape mon revolver pour le poser près de lui.

 

  • T'as plus rien Khasar. Plus rien !

 

Je vois trouble, le sang ne semble plus me monter à la tête. Je suffoque, je ne vais quand même pas crever ici comme un rat. Je ne veux pas mourir ! Je ne veux pas.

 

 

Simon se lève.

 

  • Tu sais, même les plus grands finissent un jour par tomber.

  • Simon, tu vas pas me tuer quand même. Pas comme ça.

  • Je vais me gêner.

 

Il sort de sa poche la balle aux reflets argentés. L'embrasse et la fait glisser dans la barillet de son pistolet. Il pose le canon sur ma tempe. Je sens la morsure froide de l'arme et la peur qui se distille dans tout mon être.

 

  • J'ai encore une mise !

  • Ah ?

  • Je veux jouer ma vie !

 

Simon me regarde puis me sussure à l'oreille.

 

  • Elle ne vaut plus rien aujourd'hui...

 

Je vais mourir. J'ai encore plein de chose à faire, mais je vais mourir ici.  Je ferme les yeux.

 

  • Laisse Simon. L'enjeu me plaît. Je veux bien suivre.

  • Comme tu voudras.

 

Simon prends le paquet de carte, mélange puis distribue. Nous en serons que deux joueurs cette fois ci. Le mafioso pousse son argent une fois de plus au centre de la table.

 

 

Je regarde mes cartes et sent mon coeur bondir. Je tiens entre mes mains un carré de roi. Je suis sauvé. Je vais pouvoir m'en sortir.

 

  • Personne ne relance j'imagine ?

 

Je ne prends pas la peine de répondre. Je pose mes cartes, Simon pousse un juron. Il ne s'attendait pas à ce que je puisse avoir une telle main.

 

 

Le gros relève la tête et me regarde.

 

  • Tu as une chance incroyable. Enfin presque...

 

Il baisse les cartes à son tour. Dévoilant un carré d'as. Je manque de m'étouffer. Et le rire perçant de Simon me glace. Il se baisse vers moi et me montre son oeil mort.

 

  • Tu  connais l'adage Kha' ? Oeil pour oeil, dent pour dent ! Et même plus. T'as parié ta vie.

 

Une fois de plus l'air me manque. Il faut que je reste calme. Il doit exister une solution. Il existe forcément une solution. Je ne peux pas mourir comme ça !

 

 

Je serre le poing et l'écrase sur le nez de Simon. Ses acolytes se lèvent et sortent leurs armes en même temps. Je saute sur la table et récupère mon flingue près du mafioso.

 

 

Les hommes commencent à me tirer dessus. Je tire plusieurs fois dans les spots. Plongeant la salle dans le noir. Des cris commencent à fuser parmi les danseurs. Je vois la mafioso s'approcher de moi. Je tire une fois. Il tombe raide. Je m'empresse de recharger.

 

 

Je me lève, prends l'argent sur la table et court vers la sortie. Simon me repère et se met à courir derrière moi. Il tire plusieurs fois dans le vide.

 

 

Je continue de courir. Puis une balle me fauche la jambe. Je tombe et m'éclate le visage sur le sol. Je me tourne vers Simon et tire deux fois. La première balle part au dessus de son épaule, la seconde se fige dans son flanc droit. Il tombe tandis que je me relève.

 

 

J'ai le souffle court. Ma jambe me lance atrocement, mais je sais que je ne dois pas m'arrêter. Il le faut absolument ! Je quitte le sous sol, il fait frais dehors. Je sens la caresse apaisante des premières lueurs de l'aube : j'ai survécu !

 

     

11 juillet 2008

Confessions d'un tueur à gages : Besoin d'argent !

Paris, ville des lumières. Concentré d'humanité et melting-pot omniprésent... Paris et ses milliers d'habitants. Mais qui se connaît vraiment ici ?

J'étais sur le quai désert de la rame de métro. Je regardais le gamin partir. Et le regard noir de celui-ci me transperçait de part en part. J'étais seul et j'en prenais conscience pour la première fois. Je n'avais plus rien.

J'étais désormais seul, sans argent et sans possibilité. Que faire dans un cas pareil, que faire lorsque l'on se rend compte que l'on ne possède plus rien ?

Khasar : tueur à gages ou simple vagabond. Je suis à un croisement de ma vie et il faut faire un choix. Le feu ou l'errance. Une dangereuse agitation ou une morne existence ?

Dans tous les cas, je finirais bien par mourir. Alors autant que ce soit d'une façon flamboyante et brutale. Je ne veux pas devenir n'importe qui. Je dois partir pour Moscou, et trouver Malabar. J'aviserais à ce moment là.

  • Je suis désolé, mais elle ne vaut rien.

  • Vous êtes sûr ? Je la tiens de mon père.

  • Navré Monsieur, c'est du toc.

Je quitte le magasin du prêteur sur gages. Ma montre ne vaut rien. Je vais avoir du mal à trouver l'argent. Il va falloir jouer gros. Et je ne connais qu'un seul endroit à Paris qui permette de devenir riche en une nuit !

Je descend dans une ruelle sordide aux odeurs de pisse. Il y a bien longtemps que je n'avais pas mis les pieds ici. Un homme est planté devant la petite porte, je m'approche doucement de lui. Il me toise du regard et commence à parler.

  • Les mains bien visibles hors des poches.

Je m'empresse de lui obéir. Je sors ma main et le flingue et les écarte de mon corps. L'homme se met à sourire.

  • Je ne connais qu'un seul homme qui porte cette arme.

  • C'est bien moi.

  • Khasar, tu sais que t'es plus le bienvenu.

  • Il paraît.

  • Y a un paquet de bonhomme là-dedans qui sont prêts à t'envoyer six pieds sous terre à la première occasion.

  • Il paraît.

  • Je te l'avais dit Khasar que c'est dangereux de jouer avec la drogue. Lorsque t'as brûlé la cargaison, t'as mis les nerfs des gens à vif. Pas mal de têtes ont sauté à cause de toi. Alors, je te déconseille d'entrer.

  • J'ai pas le choix. J'ai besoin d'argent Harry.

  • Comme tu veux.

Harry pousse la porte et s'écarte pour me laisser passage. Je m'avance et commence à descendre l'escalier. Harry m'attrape par la main.

  • Par contre, tu vas me laisser ton jouet. Les règles ne changent pas.

  • Harry ? Tu laisserais quand même pas ton vieil ami descendre là-dedans sans assurance-vie ?

  • Il y pas d'ami qui tienne quand il s'agit de boulot. C'est toi qui me l'as appris.

Je tends avec regret mon flingue. Harry le saisit.

  • L'autre aussi Khasar.

Je pousse un soupir et sort de ma poche intérieur un petit revolver.

  • Bon voyage aux enfer mon prince.

Je ne réponds pas à Harry. Il est temps de descendre. La musique va fort, la fumée cache maladroitement les occupants de la pièce qui oublient leur ennuis dans la boisson et la danse. Je me dirige vers le bar, pousse une escort-girl et appelle le barman.

  • Hep ! Viens ici.

  • Bienvenue au bar, là où finisse tous les soiffards, les habitués du comptoir, les stars d'un soir...

Je me tourne vers mon voisin.

  • Pardon ?

  • Alors Khasar ? Tu viens faire quoi ici ? T'en as déjà marre de vivre.

  • Comment ?

  • Tu me reconnais pas ? Faut dire que la dernière fois, j'avais un oeil de plus. J'étais plus jeune et plus con. Comble de l'ironie : je te faisais confiance. Maintenant, je suis plus vieux, moins con, j'ai un oeil de moins et la gueule cassée. Et je te fais plus confiance.

  • Simon ?

  • Tout juste Khas'. T'as pas perdu la mémoire ? Donc t'as pas oublié que tu m'as abandonné pour une fille et que j'ai failli y perdre la vie. T'avais juste oublié de me prévenir que tu allais brûler un bateau contenant assez d'héroïne pour rassasier tous les camés de Paris ? C'est terrible non de faire ça un ami ?

  • Simon, c'est pas ce que tu crois.

  • Mais je crois rien, je constate juste la dette que tu as envers moi.

  • J'ai besoin d'argent.

  • T'as du culot pour venir ici. Y a pas grand monde qui t'aime. Ce soir, je fête mon anniversaire : alors je vais te laisser une chance de te refaire. Regarde cette balle là, elle saura pour toi si tu perds ! Tu l'as reconnais ? C'est celle que t'as utilisé pour te débarrasser de Ed. C'était moi le prochain sur la liste non ?

  • Je... C'était un contrat. Ed était une cible, pas toi... Oui, t'aurais pu me prévenir que tu voulais mon aide pour tuer mon meilleur ami et brûler une précieuse marchandise.

J'ai la tête qui tourne. Je ne pensais pas revoir un jour Simon en vue. Le passé revient comme un démon. Les souvenirs remontent à la surface. Je pensais avoir fais un trait sur tout ça. ET voilà que tout revient d'un coup : Malabar, Simon...

Simon attrape ma main et m'amène à une table. Des hommes sont en train de jouer au poker. Soudain l'un des hommes attrape un autre et le couche avec violence sur la table. Il sort un gros couteau et tranche la main du pauvre gars.

  • On aime pas les tricheurs ici ! Barre toi.

Simon me fait asseoir à la place de la victime.

  • Mes amis, puisque que Carl vient de perdre la main et se couche: j'en profite pour vous amener un nouveau joueur.

Les trois hommes grognent.

  • Vous le connaissez sans doute. Il s'agit de Khasar !

Leurs yeux se mettent alors à briller et les ricanements ne me disent rien de bon.

  • Personne n'a du le prévenir que je suis le nouveau patron ici. Et le voilà qui arrive pour nous dire qu'il a besoin d'argent. On va pas laisser un vieil ami dans le besoin sans lui donner une chance.

  • Ouais, c'est sûr. T'as de quoi miser aussi Khasar ? Me demande un gros tout en fumant son cigare.

Je suis coincé, je ne peux plus faire marche arrière. Je fais craquer mes doigts et me penche en avant.

  • Mon flingue qui a servi à tuer Ed, le briquet que j'ai utilisé pour illuminer le Maria.

  • Ça marche pour moi, je suis.

Le gros se met à ricaner de nouveau, et distribue les cartes. Simon pose sa main sur mon épaule, se penche vers mon oreille.

  • Bonne chance Khas'. Tu vas en avoir besoin.

Puis il se relève et éclate de rire. J'ai la gorge sèche.

  • Vous aimez jouer avec le feu Monsieur Khasar...

  • N'est ce pas Docteur.

  • Vous avez tout de même réussi à vous en tirez puisque vous êtes ici.

  • Se sort-on indemne de ce genre de situation Docteur ? Je voulais échapper à mon passé, et voilà qu'il revenait au galop me heurter. Et les ombres qui le hantait ne me voulait pas du bien.

  • Je vous plains Monsieur Khasar.

  • Pas autant que moi Doc, pas autant que moi...

9 juillet 2008

Fan art d'un lecteur

Voici un dessin de Khasar et du gamin fait par un lecteur. Il s'appelle [u_n] et on l'applaudit bien fort !

khazarcopie064519

8 juillet 2008

Un dessin du gamin

Voici ma vision du gamin. Cette illustration est faîtes pas moi : donc soyez indulgent :)

Legamin

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Confessions d'un tueur à gages
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