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Confessions d'un tueur à gages
18 juillet 2008

Confessions d'un tueur à gages : Lorsque le coeur balance...

Lorsque l'on court avec une balle dans la jambe, on est tout de suite moins rapide. La douleur lancinante semble cisailler le muscle et ne laisser aucun répit à la victime. Elle revient sans cesse, rapellant la morsure froide. Mais avec le temps, la douleur s'estompe. On commence à l'oublier et on rit avec les amis.

Seulement je venais tout juste de me prendre cette balle et je n'avais aucun ami. Derrière moi, Simon devait fulminer de rage à l'idée de mon échappée. Au terme d'une partie de poker où la triche ne faisait aucun doute, je m'étais enfui en emportant l'argent subitement. C'était ça ou mourir le crâne percé. Je n'avais pas l'intention de reparier ma vie avant un moment.

Avec l'argent, il ne me restait plus qu'une chose à faire. M'envoler pour Moscou et retrouver Malabar. La belle était sans doute déjà à manoeuvrer dans la capitale pour s'adonner à son passe-temps préféré : faire sauter tout ce qui bouge.

Mais il me fallait d'abord trouver de quoi soigner ma jambe. Extraire la balle pour pouvoir partir en Russie. Je ne connaissais qu'une seule personne susceptible de me panser sans poser de questions.

C'est ainsi que je me rendais chez le Docteur Denison. La maison était une vieille bourgeoise du XIXème siècle, Denison avait toujours eu des goûts de luxe. Comme à mon habitude, je frappais trois coups secs, avant de faire une légère pause puis de taper deux fois alors.

La porte s'ouvrit quelques instant plus tard.

  • Monsieur désire, demanda un majordome hautain ?

  • Amène moi à Denison.

  • Monsieur est occupé. De plus, il ne reçoit pas n'importe qui.

Je pousse un long soupir et colle le revolver sous le nez du majordome. Celui-ci devient blanc et commence à bégayer.

  • Ne m'oblige pas à sonner de nouveau. Sinon, ça risque de faire du bruit.

  • Tout de suite. Suivez-moi.

  • A la moindre entourloupe, je te fais danser la Polka !

Le majordome me conduit en tremblant dans le grand salon. J'ai de plus en plus mal à la jambe et marche difficilement.

La pièce est sombre. Seule la lumière d'un feu dans la cheminée éclaire par moment la pièce. Un fauteuil imposant trône devant la cheminée, j'imagine que dedans se trouve Denison. Il tourne le dos et fume doucement. Laissant la fumée acre s'envoler et se répandre dans l'atmosphère.

  • Monsieur ne devrait pas fumer. C'est mauvais pour sa santé, bredouille le majordome.

Denisosn ne répond pas. Pourquoi parler à un laquais après tout. Il continue de fumer et faire des ronds, contemplant le feu qui claque.

Je commence à m'impatienter et pose le canon sur la nuque du majordome afin qu'il hâte les choses. Celui-ci se met de nouveau à trembler.

  • Monsieur ? Il y a un homme armé qui désire vous voir.

Denison laisse le silence s'installer de nouveau. Le majordome ne cesse de trembler. Il jette alors sa cigarette dans les flammes et se racle la gorge pour prendre la parole. Le dos toujours tourné, les yeux sans doute perdu dans les flammes.

  • Laisse mon majordome. Tu n'imagines pas à quel point il difficile d'en trouver de bon et honnête de nos jours.

  • Cela faisait longtemps Denison.

  • Pas assez à mon goût.

  • J'ai besoin d'aide.

  • Bien sûr. Sinon tu ne serais pas ici.

  • Tu m'en veux ?

  • J'ai voulu te tuer pendant des années. J'ai rêver de t'avoir à genoux devant moi. Mais le temps passe, et la colère d'un homme disparaît petit à petit. Peut-on haïr un fantôme ?

  • Je ne suis pas encore mort.

  • Je regarde les flammes, et je me dis qu'elles seront encore trop douce pour toi.

  • Je suis encore vivant.

  • Tu brûleras en enfers. Et tu n'en auras même pas conscience. Pour moi le diable à un visage !

Je ne peux m'empêcher de sourire, il reste de la rancune dans la voix du vieil homme. De la rancune et de la tristesse. Et pourtant, il y a de l'amour aussi dans ses mots. C'est presque apaisant de l'écouter. Cela faisait si longtemps.

  • Que viens-tu faire ici. Tu as déjà pris tout ce que j'avais de plus précieux.

  • Je l'aimais...

  • Et moi je l'aime toujours. Tu me l'as pris. Ma fille...

  • Malabar est venue de son plein gré !

  • Charlotte n'aurait pas fait ça !

  • Malabar si ! Ouvre les yeux ! Ce n'est plus la fille que tu connaissais. Elle n'existe plus.

  • Elle est toujours là. Mais tu l'as déformé, abîmé.

J'ai l'impression de sentir un couteau s'enfoncer dans ma tête. Cette accusation me peine plus que tout. J'aimais cette fille plus que tout. Je ne suis pas responsable. Je n'ai jamais voulu ça. C'est Malabar qui a tué Charlotte. Personne ne pouvait sauver Charlotte d'elle même.

  • J'ai besoin d'aide Denison.

  • Pourquoi m'appeler ainsi. J'ai encore un prénom.

  • Je ne veux plus m'attacher aux gens. J'ai juste besoin d'aide. Je ne reste pas.

  • Pourquoi être revenu ? Pourquoi viens-tu raviver le passé.

  • Je n'ai pas voulu ça. Je ne serais jamais revenu si j'avais eu le choix !

  • Que veux-tu ?

  • J'ai la jambe gauche en morceaux. Il faudrait enlever une balle. C'est plutôt douloureux de marcher avec.

Le Docteur Denison réprime un rire et fait tourner son fauteuil. Je suis frappé de voir à quel point son visage a vieilli. Il me regarde avec compassion.

  • Il y a bien longtemps que je ne marche plus. Aide moi à m'installer dans le fauteuil roulant là-bas.

J'installe Denison avec soin, et l'emmène dans son ancienne salle d'opération. Celui-ci m'indique les objets dont il va avoir besoin puis me fait asseoir sur une chaise inconfortable. Il me fait alors allonger ma jambe.

  • Je vais faire ce que je peux. Je vais découper sur les côtés pour pouvoir accéder plus facilement à la balle. Cela risque de faire mal.

  • Et l'anesthésie ?

  • Tu as fait souffrir beaucoup de gens, n'est-il pas tant que tu apprennes toi aussi ce qu'est la souffrance.

Denison ne me laisse pas le temps de réagir et enfonce un scalpel dans ma chair. Je hurle de douleur tandis que le Docteur s'affaire à trouver la balle. Le temps semble s'étirer, les secondes ne défilent plus. J'ai mal, infiniment mal. Et puis le Docteur relève la tête.

  • J'ai la balle.

  • Parfait !

  • Il va falloir recoudre maintenant.

Je serre les dents. L'aiguille me transperce la peau, j'ai mal.

  • C'est bon. Prends la canne là-bas, tu vas en avoir besoin.

  • Merci.

  • Je pourrais te dire de rester assis les prochains jours, d'éviter de marcher et de rester calme. De ne surtout pas courir. Mais je sais que tu ne m'écouteras pas.

  • Au revoir Docteur.

Je me lève et tourne le dos. Je suis resté trop longtemps ici et je ne veux pas m'éterniser davantage. Je vais pouvoir partir pour Moscou à présent.

  • Au revoir Édouard.

Je ne réponds pas. Que pourrais-je répondre. Édouard est mort tout comme Charlotte. Denison m'interpelle une nouvelle fois.

  • Tu vas me manquer. Reviens avec Charlotte.

J'ai une boule énorme qui se forme dans ma gorge. Je voudrais me retourner et serrer le Docteur dans mes bras. Mais si je le fais, je suis perdu. Je ne dois pas me retourner, ni répondre. Je quitte la pièce et j'ai l'impression que mon coeur va exploser.

Je m'arrête devant le majordome à la porte d'entrée. Et lui adresse une recommandation.

  • Prenez soin de lui. C'est un homme droit et juste.

  • Qui êtes vous ?

  • J'ai connu son fils adoptif il y a longtemps. Il s'appelait Édouard.

Je quitte la maison, le majordome prononce une phrase que je ne comprends pas.

Je suis déjà trop loin...

***

  • Vous avez donc une âme ?

  • Croyez-vous ! Je ne suis qu'au début de l'histoire et vous ne savez encore rien de moi...

  • Je pense qu'il y a un homme sous la carapace. N'est ce pas Édouard ?

  • Je m'appelle Khasar, Docteur.

  • Reprenons si vous le voulez bien.

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Commentaires
L
ce recit et trop bien je suis tout a fait faciner par khasar quel facon de pencer.jespere que vous allez fair une suite !
K
Je n'avais pas été jusque là, mais je n'en demeures pas moins convaincus que vous devriez continuer.
Confessions d'un tueur à gages
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